Appel à communications / Call for Papers

28 avril 2017 : Date limite de réception des propositions (délai de rigueur)

LangEnact II


Le sens sans représentation: l’inscription du langage dans les coordinations sensorimotrices



organisé par


Didier Bottineau (Université Paris Nord)
Stephen Cowley (Chair of the Organizing Committee, University of Southern Denmark)
Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne)
Alexander Kravchenko (Baikal State University)
Sune Vork Steffensen (Ass. Prof. , University of Southern Denmark) 

 


Mardi et mercredi 26-27 Septembre 2017

Université du Sud-Danemark

Odense, Danemark

 

Vous êtes invités à soumettre des résumés (500 mots maximum plus références) au comité d’organisation,

par message électronique, à l'adresse :

 CHI@sdu.dk

 

Le comité prévoit de communiquer les résultats du processus de sélection le 26 mai 2017.

 

POUR PLUS D’INFORMATIONS :


Web: www.sdu.dk/CHI & http://www.sdu.dk/en/om_sdu/institutter_centre/c_chi/langenact+ii
Facebook: www.facebook.com/centhumint
Mail: CHI@sdu.dk

Suite au succès du colloque “Langage et Enaction" (Clermont-Ferrand, France, 1-3 juin 2016), le Centre pour l’Interactivité Humaine (Centre for Human Interactivity) vous invite à participer à LangEnact II. Le deuxième colloque LangEnact est organisé par un comité international: Stephen Cowley et Sune Steffensen (Université Sud Danemark), Didier Bottineau (Université Paris Nord), Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne) et Alexander Kravchenko (Université Baikal de Droit et d’Economie, Irkoutsk, Russie). LangEnact II se concentrera sur les questions fondatrices liées au thème: Le sens sans représentation: l’inscription du langage dans les coordinations sensorimotrices.

PRESENTATION DU COLLOQUE

Contestant l’habitude de réduire le langage à des formes et des règles, les approches écologique et énactive imputent toutes deux l’activité langagière à des coordinations sensorimotrices. Cela étant, deux traditions contrastées sont apparues dans des contextes distincts. D’un côté, certaines théories linguistiques françaises liées à l’énonciation partent de la corporéité (embodiment) du signifiant et de la submorphémie pour relier l’énactivisme à l’étude des langues naturelles. D’un autre côté, les partisans d’une conception écologique et distribuée de la cognition ont relié le langage ou, plus précisément, le languaging à la manière dont l’activité humaine se profile dans le cadre des interactions vécues. En repartant des conceptions du rapport “Langage et énaction” développées à LangEnact I, le colloque de 2017 vise à créer le lien entre ces deux courants en s’interrogeant sur la manière dont les corps contribuent à produire un monde signifiant constitué de paysages sonores audibles, dans la diversité des langues naturelles et par la dynamique du languaging.

A cette date, nous avons le plaisir d’annoncer les conférenciers invités suivants:

Joanna Rączaszek-Leonardi, Université de Varsovie et Académie des Sciences de Pologne
John Stewart, Université de Compiègne, France

Nous prévoyons d’ajouter d’autres conférenciers invités une fois les confirmations obtenues (voir le site du colloque).



LE LANGAGE PAR-DELÀ LA REPRESENTATION: DEUX TRADITIONS

Les conceptions radicales de l’incarnation langagière proposent une voie qui diffère de l’internalisme centré sur le fait neuronal. S’inspirant des travaux de Wittgenstein sur les communautés et de la phénoménologie du corps de Merleau-Ponty, elles s’appuient également sur les propositions novatrices de Hutchins et Kirch sur la cognition délocalisée du cerveau. Dans ce cadre, le sens, et, dans le cas de la vie humaine, le langage, participent de ce que Francisco Varela et Humberto Maturana appellent l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit:
“(...) la cognition, loin d'être la représentation d'un monde prédonné, est l'avènement conjoint d'un monde et d'un esprit à partir de l'histoire des diverses actions qu'accomplit un être dans le monde. (Varela, Thompson, Rosch, L'inscription corporelle de l'esprit. Sciences cognitives et expérience humaine, Seuil, p. 35).

Jusqu’à récemment, les détracteurs des théories computationnelles de l’esprit ont eu tendance à adopter des théories linguistiques représentationnalistes où à se désintéresser de la question du langage. Pour étayer la relation entre cognition et langage, nous soulevons la question du “langage sans représentation” en explorant comment le langage peut être un moyen efficace de coordination interpersonnelle tout en étant ancré dans des corps individuels qui font advenir des mondes vécus et fédérés par la culture. Le colloque resitue ce questionnement à la croisée de deux traditions: la linguistique énactive, qui part de l’incarnation pour reconsidérer les théories de l’énonciation à la française et la nature des langues naturelles; et la perspective écologique distribuée, qui part des sciences cognitives et voit dans le langage non pas des constructions abstraites, mais la coordination de personnes par des mouvements corporels permettant de coopérer dans un monde (partiellement) commun.

POUR L’AMORÇAGE D’UN DIALOGUE

Ces traditions ont beaucoup en commun. Toutes deux rejettent le dualisme et les modèles qui réduisent le langage à l’utilisation de structures, de mots, ou au traitement de signaux. Toutes deux s’écartent de la description des langues comme systèmes formels par lesquels les humains relient des symboles à des fragments de monde prédonné ou à des représentations internes. De fait, les deux cherchent à savoir comment l’expérience sensorimotrice humaine a engendré la parole, le langage et les pratiques qui en découlent historiquement. Le langage est ainsi un phénomène à la fois distribué ou collectif et basé sur l’historique de l’activité sensorimotrice individuelle. Considéré dans son ensemble, le langage naturel contraint les interactions humaines selon des modalités dont les contributions et effets bénéfiques permettent aux organismes de s’auto-construire en tant que personnes. En somme, le langage dépend de ce qui est ressenti comme significatif et, compte tenu de sa réflexivité, peut également être analysé d’un point de vue spécifiquement sémantique.

Comme les théories linguistiques traditionnelles ne définissent pas le langage en termes de coordinations sensorimotrices, elles ont tendance à se focaliser sur la production verbale de formes qui seraient porteuses de sens en elles-mêmes. De ce fait, elles cherchent à déterminer comment ces formes, quelle que soit leur nature, produisent du sens en tant qu’expression linguistique d’une situation extralinguistique. En conséquence, elles recourent fréquemment à l’idée d’une représentation conçue soit comme facteur causal (comme dans les théories computationnelles), soit comme la réplique d’extensions de catégories sémantiques (comme dans le behaviorisme), soit comme la réalisation d’un processus sous-jacent (comme dans le mot représentation au sens français, dans son acception figurative plutôt que diplomatique). Par contraste, en linguistique énactive comme dans les travaux sous-tendus par la perspective écologique et distribuée, on cherche à savoir comment l’interactivité humaine co-évolue avec le savoir-faire qui oriente les potentiels sémantiques. On se demande donc comment le languaging, en tant que composante remarquable de l’interactivité, fait advenir le sens dans ses deux conceptions étendue et restreinte. D’un côté, il s’appuie sur des régularités pragmatiques et sémantiques, et des contraintes linguistiques; de l’autre, cette pratique  fait apparaître des focus attentionnels qui donnent aux situations une signification particulière. L’objectif principal du colloque est de permettre la concertation de ces points de vue en envisageant la parole dans les langues comme coordination écologique qui associe la phonation, l’articulation et la gestualité dans la perception et l’action humaine.

THEMES DE RECHERCHE

1. Si l’activité sensorimotrice conjointe contribue à profiler les systèmes linguistiques, dans quelle mesure la diversité des langues naturelles implique-t-elle l’émergence interactive d’un sens linguistique spécifique?
2. Etant donné que l’activité sensorimotrice est elle-même investie de valeur, évocatrice de présence, et, en ce sens, “signifiante”, comment s’insinue-t-elle dans le sens linguistique?
3. Compte tenu du sens linguistique, les catégories langagières contraignent l’activité sensorimotrice. Au cours des interactions entre personnes, comment les agents coordonnent-ils leur activité motrice tout en s’appuyant sur des traditions culturelles?
4. Comment les agents individuels et collectifs prennent-ils part à la diversité du languaging et des pratiques culturelles dans le contexte des communautés, des unités, et d’un temps de vie où s’articulent l’expérience et l’expertise?

 

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